Petit lexique

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Aire à battre

Une aire à battre servait à battre les épis de seigle pour en extraire le grain. L’opération s’effectuait au fléau ou bien en faisant piétiner le sol par les ânes et les mulets. Pour perdre un minimum de grains, l'aire était recouverte de grandes lauzes de schiste.

Bancels

Le relief étant composé d'une succession de crêtes escarpées et de vallées encaissées aux pentes abruptes, l’homme a dû aménager des espaces propices aux cultures. Ainsi des terrasses, également nommées bancels, forment des échelons dans la montagne. Les bancels permettent de retenir la terre durant les pluies d'orage d'été et les abondantes pluies d'automne. On y établissait des cultures vivrières tels le pois chiche, la lentille, le seigle ou l’avoine, ainsi que des arbres fruitiers. Les bancels sont des éléments identitaires du paysage cévenol. Jusqu’au XIXe siècle, quasiment l'ensemble des pentes de la ferme était couvert de bancels, où le sol profond retenu était le plus riche.

Boules de granite

Après plusieurs plissements et contournements de masses rocheuses, le granite présent en profondeur est remonté à travers les schistes, il y a quelque 300 millions d’années. Cette roche est parcourue de plusieurs petites fissures, les diaclases, par lesquelles l’eau s’infiltre, gèle et la dégrade avec le temps. L’érosion a emporté les cristaux, formant des boules de granite que l’on appelle chaos granitiques.

Brebis

Du Moyen Age au XXe siècle, l’élevage local était essentiellement celui du mouton. Il était l'animal des terres rudes des Cévennes. Les troupeaux séjournaient dans des parcs délimités par des murets en pierre sèche. La fumure recueillie après le parcage était utilisée pour enrichir les terres cultivées, aux sols naturellement pauvres. La laine servait à la fabrication d’un tissu appelé cadis répondant aux besoins des foyers en vêtements et linge de maison.

Camisards

Suite à la révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV, l'ensemble des Cévennes en majorité protestante se soulève pour garder son droit de culte. C'est le départ de la guerre des Camisards qui va opposer les Camisards (combattants protestants) aux soldats du roi (dragons du roi). La seule alternative pour les Camisards fut une guérilla dans cette région très sauvage difficilement contrôlable par les troupes royales. Beaucoup de grottes furent leur refuge.

Cazelles ou bories

Elles ont été édifiées par les bergers pour se protéger du soleil, de la pluie et du vent sur ces hauts plateaux, tout en gardant le troupeau de brebis. Le causse, de par son paysage de steppe, n'offre en général que de rares arbustes — buis et genévriers — insuffisants pour bénéficier d'une ombre salvatrice. Edifiées sans mortier, les cazelles sont bâties à partir de pierres calcaires récupérées sur place, suite à l'épierrement des champs. De petites dimensions (à l'intérieur un adulte ne peut pas tenir debout), elles sont le plus souvent de forme circulaire et voûtée, sans charpente. Quelques-unes sont parfois incluses dans un muret de pierre sèche qui délimite une parcelle. Les cazelles étant réalisées avec les matériaux disponibles sur place, la technique à encorbellement était la plus courante. Elle consistait à superposer les pierres en laissant à chaque nouvelle assise un léger dépassement de la rangée supérieure. La dalle sommitale était souvent une grande lauze de taille remarquable. Les cazelles n’étaient pas fermées par une porte, elles avaient avant tout une fonction d'abri et d'observation.

Châtaigneraie

La culture du châtaignier débute au Moyen Age. Cet arbre va nourrir les Cévennes grâce à sa fructification relativement régulière.
Les châtaigniers greffés (marqués d’un bourrelet au niveau du tronc) produisent des variétés aux qualités adaptées à divers usages ou à diverses conditions écologiques.
On «châtaignait» d’octobre à décembre dans ces châtaigneraies dont le sol était propre : le bois mort devenait bois de chauffage, les feuilles servaient pour la litière des animaux. Pour briser les bogues et ratisser les feuilles, on utilisait une «gratte», sorte de fourche à trois dents fabriquée pendant l’hiver. Les châtaignes étaient directement mises à sécher en clède.

Chemin de Stevenson

Cet itinéraire est devenu célèbre grâce à l’écrivain Robert Louis Stevenson qui l'a emprunté en septembre 1878. Ce jeune écrivain écossais part à pied du Monastier-sur-Gazeille avec l’ânesse Modestine et arrive à Saint-Jean-du-Gard douze jours plus tard. Il passa une nuit dans un pré proche de la ferme. De ce périple il fera un récit, Voyage avec un âne dans les Cévennes, paru en juin 1879. Pour honorer cette aventure, le GR 70 fut créé. De nos jours le GR passe dans les châtaigneraies de la ferme à environ 800 mètres.

Clapas ou pierriers

Les clapas sont des monticules de pierres, fruit de l'épierrement des sols calcaires du causse. Sur certaines parcelles ils recouvrent de grandes étendues témoignant du travail entrepris en gardant les bêtes. Dans les Cévennes, l’épierrement s'est traduit par la confection de murets pour retenir la terre et éviter le ravinement.

Clède, pizaïre et ventaïre

Une clède est un séchoir à châtaignes pour la conservation des fruits. Elle est construite en pierre sèche et lauze au milieu de la châtaigneraie.
A l’étage supérieur, les châtaignes sont disposées en une couche de 50 cm sur un plancher à claire-voie. A l’étage inférieur, un foyer est alimenté par des racines d'arbres qui se consument lentement et qui sont recouvertes d’écorces de châtaignes de l’année précédente pour étouffer les flammes. Ce feu est entretenu jour et nuit et la fumée qui s’en dégage déshydrate les fruits. Après des semaines de séchage, les châtaignes sont décortiquées à chaud à l’aide d’une masse garnie de pointes ou avec une machine : le «pizaïre». Pour finir d'enlever la dernière pelure, on passe les châtaignons au «ventaïre» (instrument qui fait du vent). Puis on les conserve dans une sorte de grande armoire dans la maison.

Une clède, séchoir à châtaignes

Cupules dont l'érosion est due à la présence d'eau de pluie ou de ruisselements

Cupules

Les cupules sont des trous circulaires de taille variable percés dans la roche, de quelques centimètres à quelques dizaines de centimètres. Le rôle du support et de son emplacement est primordial. Les roches gravées s'inscrivent dans un paysage grandiose, en des points topographiques significatifs.
Les cupules peuvent être isolées, groupées, reliées par un sillon ou un réseau plus ou moins complexe.

Dolines

Sur le causse le sol est pauvre avec beaucoup de pierres. Mais parfois des dépressions naturelles circulaires accumulent la terre argileuse des alentours. En effet, lors de fortes pluies le ravinement transporte la terre dans ces dépressions qu’on appelle dolines. Elles sont très fertiles.

Drailles

Entre la plaine littorale au sud très chaude et sèche en été et les montagnes du nord, plus fraîches avec de l'herbe durant toute la saison estivale, se dressent les Cévennes. D'où la nécessité de les traverser pour faire pâturer les troupeaux de moutons l’été.
Comment les traverser ? Les Cévennes sont de longues crêtes enserrant des vallées profondes, aux pentes raides, parcourues par les gardons. Suivre ces rivières ? Impossible, leur rives sont très étroites et pentues. Impossible également de circuler par les pentes trop abruptes et recouvertes par la garrigue ou la forêt impénétrable. Restent les crêtes, dégarnies à cause de l'érosion par le vent et les pluies d'automne. Ainsi les troupeaux vont emprunter les crêtes cévenoles. Ces millions de piétinements par les sabots vont finir par faire un chemin. Allant d'un col à l'autre en suivant les crêtes se succèdent les drailles.

Eboulis

Les éboulis sous les falaises de calcaire sont dus à l’eau qui pénètre dans les interstices de la roche et, sous l’action du gel, la fait éclater. Les couches de la base, plus fissurées, sont éliminées plus rapidement : ainsi se créent les surplombs.
Les éboulis sous les schistes sont quant à eux dus à l'action de l’homme qui en a extrait les lauzes pour les toits et a rejeté dans les talus les déchets.
Ces milieux rupestres jouent un rôle écologique important pour les mousses, les lichens et servent de refuge en particulier à la chouette chevêche.

Estives, parcours

Ce sont deux termes qui désignent le lieu où vont pâturer les troupeaux, soit tout l’été soit à la journée sur de grandes étendues. Jadis ils étaient gardés par des bergers sur de grands espaces souvent assez pauvres. Ce pastoralisme permet de maintenir les milieux ouverts qui offrent une variété écologique remarquable.

Four à pain

Le four à pain existe dans chaque hameau et était allumé en général une fois par semaine. Il est fait en pierres et adossé à une bâtisse. La sole et la voûte sont en calcaire dur et ont la forme d'une poire. La gueule du four est fermée par une porte en bois traditionnellement obturée par de la glaise. Il fallait chauffer les pierres intérieures en allumant un feu durant plusieurs heures, avant de retirer le feu et les cendres, et d'enfourner les pâtons. Il permettait de cuire le pain de seigle ou de froment pour la semaine.

Frênes en têtard

Dans bon nombre de ravins existent des frênes qui ont une forme en bâton, dite en têtard, du fait d’un élagage régulier. Les hommes utilisaient leur feuillage comme appoint alimentaire pour les bêtes l'hiver. A l'automne on coupait les branches avec les feuilles et on en confectionnait des fagots qu’on faisait sécher. De plus leur bois dur et élastique servait à la fabrication des manches d’outil.

Gourgues

Avoir une source dans une parcelle était une vraie valeur pour un terrain car elle permettait la culture de bien des légumes avec de meilleurs rendements. Alors que dans notre pays l'eau est si abondante à l'automne et si rare en été, l'homme a multiplié les aménagements hydrauliques. Comme on se trouve à la jonction du calcaire qui est très fragmenté et du schiste qui est imperméable, des sources jaillissent à cette limite. Elles sont captées dans des grandes mares appelées gourgues, qui permettent de stocker l'eau pour pouvoir ensuite arroser par des rigoles ou béals.

Gourgue

Empreinte de grallator

Grallator

En fond de vallée une belle empreinte de trois pas est visible sur une grande dalle de calcaire. Ces traces sont celles du grallator, un saurien, ayant vécu à la fin du Trias, probable herbivore se dressant sur ses deux pattes arrière. Ses empreintes montrent qu'il devait atteindre les trois à quatre mètres.

Jasses

Isolées des hameaux, ces petites bergeries sur le causse servent à mettre à l'abri les troupeaux en cas de soudaines intempéries. Bâtiments rectangulaires et bas, les jasses peuvent aussi servir au recueillement de l'eau de pluie pour alimenter les lavognes.

Lavognes

Ces cuvettes, le plus souvent circulaires, recueillent l'eau de pluie des toits ou de roches en pente durant les fortes pluies ou orages estivaux. Elles sont étanches grâce à une couche d'argile. Elles servent d'abreuvoirs pour les troupeaux, car sur le causse il n’y a ni source ni rivière.

Moulin

Le moulin est en retrait du cours d'eau, car la rivière peut devenir un flux tumultueux en période d’orage qui l’emporterait. Un canal, le béal, est aménagé près d’un petit barrage qui l’alimente. Ce béal amène l’eau du ruisseau jusqu’au réservoir du moulin, dénommé gourgue.
L’eau stockée permet, à la demande, de faire tourner la roue du moulin qui, elle-même, actionne les meules tournantes. Ces moulins produisaient soit de la farine de céréales soit de l’huile ou des engins hydrauliques.

Mûrier blanc

L’apogée de la sériciculture se situe au milieu du XIXe siècle. Le bombyx dont le cocon est transformé en soie se nourrit exclusivement de feuilles de mûriers. Les mûriers ont besoin d’une culture attentionnée, d’un sol relativement profond, de fertilisation et surtout d’irrigation au printemps. Ils ont donc été installés sur des terrasses de culture équipées de dispositifs d’irrigation. Leur forme noueuse est héritée de l’exploitation des rames de feuillage récoltées chaque printemps pendant l’élevage.

Oppidum du néolithique

Le néolithique est une période de la préhistoire marquée par de profondes mutations techniques, économiques et sociales, liées à l’adoption par les groupes humains d’un modèle de subsistance fondé sur l’agriculture et l’élevage, impliquant le plus souvent une sédentarisation, en particulier sur les causses, et utilisant les milieux naturels propices pour l'installation permanente. Les principales innovations techniques sont la généralisation de l'outillage en pierre polie et de la poterie.
Proche de la ferme, l’oppidum du néolithique est entouré de falaises sur trois côtés et il y a de l'eau à proximité, ce qui explique que ce promontoire a été choisi.

Place des Ayres

Ainsi dénommée parce que autrefois la plupart des paysans de Barre venaient y battre au fléau leurs céréales. Cette technique, connue depuis l’époque gallo-romaine, est restée longtemps la plus répandue.v

Ruches-troncs

Depuis des siècles l'homme a favorisé les abeilles noires de notre région, en leur offrant un gîte aménagé dans un tronc creux de châtaignier. Les ruches-troncs sont posées sur une dalle de schiste et refermées par une lauze de couverture ronde. Les abeilles y pénètrent par des trous creusés à la base et y construisent elles-mêmes leurs rayons. La récolte se fait par le haut en prélevant directement dans les rayons de miel.

Schiste et lauze

Les schistes sont d’anciennes roches sédimentaires, entraînées dans les profondeurs de l’écorce terrestre sous des pressions et des températures très élevées et soumises à des plissements successifs. Ils composent la majeure partie des Cévennes. De couleur sombre, ils se divisent en feuillets parallèles. Ce qui permet de les fendre en fines plaques appelées lauzes, que l'on peut mettre sur les toits. Les lauzes sont posées à l’aide de clous ou anciennement de chevilles.

Trincat

Un trincat est une tranchée dans le rocher, coupant la pente abrupte. Il capte les eaux de pluie et les dérive, protégeant ainsi les hameaux en dessous. Le trincat sert souvent de chemin et canalise l'eau jusqu’à la gourgue.